Le Palier: Pierre Laniau
15/01/2013
Exposition « Oh, la belle vie ! », Pierre Laniau
Le 15 janvier 2013 nous avons accueilli l’artiste Pierre Laniau pour le vernissage de son exposition ‘Oh, la belle vie!’ à la villa raffet dans le cadre du Palier.
Le dieu des petits riens
Le monde de l’art a ses marcheurs (Hamish Fulton), ses arpenteurs (Stanley Brouwn), et ses promeneurs (Jacques Villeglé). Mais il a aussi ses flâneurs à la Robert Walser, ceux, qui derrière un faux dilettantisme captent mieux que quiconque la réalité la plus discrète.
Pierre Laniau en fait partie. De nuit comme de jour, ce photographe traque un monde parallèle de rebuts formant rébus, dans ce qu’il nomme les « Fétiches de rue ».
On y devine une jouissance myope du détail et du recoin, un refus du monument. {…}
Il y a de la métaphysique dans cette œuvre-clepsydre attachée à l’éphémère. L’artiste n’est pas dans la méthode, mais dans la magie d’une brève rencontre, dans le mariage de la carpe et du lapin, le coq à l’âne visuel.
On retrouve chez lui le goût du court- circuit, le « hasard objectif » cher à André Breton. Et ce hasard est parfois cruel, à l’image d’un fauteuil de style Louis XVI abandonné dans la rue, tel un aristocrate clochardisé.
Cruauté aussi dans cette scène de ménage entre deux lave-linges amochés qui n’ont plus rien à se dire après la bagarre. {…}
Parfois, les coïncidences virent à l’abstraction pure, aux jeux de lignes et de géométries.
Comme dans ce mille feuille mystérieux de faux plafonds. Sur une autre photo, le regard fait ricochet, des lignes frêles d’un séchoir à linge aux rectangles d’un mur, échos involontaires des pavés du trottoir.
Récurrentes, entêtantes, les planches abandonnées agissent souvent en révélateur. {…}
S’il braque l’objectif de son téléphone portable sur ces collisions éphémères, il ne cherche pas à les enjoliver.
Quand la technologie s’échine à tirer le trivial vers le haut, Pierre Laniau laisse les objets en guenilles.
A la fausse noblesse, il préfère la fragile poésie, la dignité du mendiant.
Roxana Azimi
Pierre Laniau, né à Paris en 1955, a travaillé sur le thème de la mutation, de la fin de l’homme depuis de début des années 80, parallèlement à sa carrière de musicien concertiste.
Son travail s’est développé sous la forme de textes, de films, de peintures, affiches- portraits des Princes et de photographies.
Ses œuvres, auxquelles il consacre maintenant tout son temps, ont été exposées en 2012 au Salon de Montrouge, à Shanghai, à la galerie RX, à l’Ecole des filles, à la maison de l’Amérique Latine pour le travail photographique sur le journal Challenges.
Textes critiques de R. Azimi, S. Gokalp, C. Rioux, M. Bredel, JL. Nancy, JJ. Aillagon.